Dans ce premier article, je souhaite présenter plus précisément mon approche de l’ostéopathie. Dans ce sens, je vais décortiquer une séance comme je la pratique en règle générale et en expliciter les moments clés.
Au préalable, je vous rappelle succinctement mon parcours. J’ai d’abord étudié la kinésithérapie et obtenu un diplôme de masseur-kinésithérapeute qui m’a permis de lancer rapidement mon cabinet et de pratiquer avec mes patients. J’avais compris au cours de mes études que je ne serais pas entièrement satisfait si je me cantonnais au seul exercice de la kinésithérapie. J’ai donc suivi une formation en ostéopathie. C’est l’aspect global de la pratique qui m’a séduit. Diplômé, j’ai cherché une voie qui permettrait de me servir des forces inhérentes aux organismes vivants pour rééquilibrer la santé. Grâce à Pierre Tricot et à la découverte de l’approche tissulaire puis à Eduard Van den Bogaert et sa vision d’une médecine sensitive et coopérative et enfin à Pascal Ansellin qui enseigne une approche biodynamique, j’ai pu construire, au fil d’une trentaine d’années de pratique, l’approche que je propose, aujourd’hui, à mes patients. J’ajoute que cette approche est en perpétuelle mouvement et que je commence à la proposer aux thérapeutes manuels au travers d’une formation, La Présence Qui Soigne 2.0.
Lorsque je reçois un patient, je commence par l’écouter expliquer ce pourquoi il vient me consulter. Selon la personnalité de la personne, je suis plus ou moins directif mais dans tous les cas, je note les symptômes décrits. Ils sont la base de la demande et à ce titre , le patient doit être rassuré les concernant, même si ils ne constituent pas forcément la base de notre traitement. Ensuite, j’accentue notre accordage en passant ses corps énergétiques en revue en position debout, détectant des zones de blocage de flux et y remédiant.
Je précise que pour l’ensemble du soin, rien n’est prédéterminé, je n’ai pas de plan sauf celui d’écouter les tissus (au sens large) du patient. Une fois un équilibre trouvé au niveau énergétique, je passe à l’étape suivante.
Ici, selon mon ressenti de l’étape précédente, je choisis de soigner le patient assis sur la table ou allongé. En position assise, mes mains vont être guidées vers les zones de tensions, zones ou la mobilité est restreinte voire nulle. Potentiellement, ces régions sont isolées du reste du corps et ne participent plus à l’équilibre global. Au contraire, elles favorisent une fuite d’énergie par les blocages qu’elles recèlent et contribuent au dérèglement de l’organisme.
Les tensions sont le résultat du vécu du patient, elles sont naturelles et, jusqu’à un certain point, nécessaires à la vie. Le corps a cette intelligence inhérente qui lui permet de gérer le niveau de tension global et de trouver des compensations pour maintenir un équilibre viable. Au delà d’un certain seuil, cette capacité se trouve débordée et les symptômes commencent à apparaître. Il s’agit là d’un langage que le corps utilise pour faire savoir le trop de désordre auquel il fait face et le besoin d’aide ou de correction dont il a besoin. Concrètement, chaque jour de nouvelles tensions apparaissent dans le corps, provenant de chocs physiques, émotionnels, alimentaires, mentaux. Leur force est proportionnelle à l’intensité du choc qui est à leur origine.
Mes mains sont donc attirées, on pourrait dire inspirées, sur ces régions tensionnelles et il suffit alors de mettre en place un contact fin qui respecte les qualités des tissus sous-jacents et alors le corps met en place de petits mouvements de libération. Je les accompagne jusqu’à leur arrêt, la zone est « en paix », libre et à nouveau fonctionnelle. Un autre endroit du corps peut alors « appeler ». Les mains travaillent ensemble mais sont autonomes, lors du relâchement de la tension, le praticien peut ressentir la santé circuler entre elles.
Dans le processus d’accompagnement de la libération tissulaire, un aspect est essentiel : voir les structures sur lesquelles j’oeuvre. Dans Incendie sur la prairie, Zacharie Comeaux rapporte un leitmotiv de A.T Still, fondateur de l’ostéopathie, Anatomie, anatomie, anatomie … Still insistait auprès de ses élèves pour qu’ils connaissent parfaitement l’anatomie afin d’être plus efficaces dans leur traitement. Le fait de visualiser les structures augmente beaucoup la focalisation et la compréhension du praticien. Plus présent, il est ainsi plus précis dans l’aide qu’il apporte à l’organisme du patient, ceci favorisant une plus grande expression de la capacité inhérente de santé du corps.
Lorsque l’équilibre est trouvé en position assise, je termine la séance en allongeant le patient. L’approche est à nouveau tissulaire mais le patient se détend plus permettant un approfondissement du soin. Certaines zones inaccessibles en position assise peuvent être prise en compte si elles « appellent ».
Si, après l’accordage en position debout, mon intuition penche pour un soin allongé, j’applique certains principes de l’approche biodynamique. La prise manuelle est sous-occipitale (à l’arrière du crâne). Les mains sont en réception, en accueil dans le but d’amener le patient à son neutre. C’est un état dans lequel le mental lâche pour laisser toute la place à la respiration primaire. Celle-ci peut alors jouer tout son rôle de rééquilibrage de la santé dans le corps et en favoriser la guérison. Lorsque le neutre est obtenu, il est toujours possible de « l’approfondir » et ainsi de gagner de l’espace d’expression pour la respiration primaire. Il fournit également les bonnes conditions pour aller sur les régions où siègent les symptômes et y poser les mains afin de sentir les tissus se libérer sous la force de la respiration primaire. Souvent un équilibrage est opéré à partir des membres inférieurs et la séance se termine par une vérification avec la prise crânienne. L’idéal, ici, étant de ressentir un état de calme envahir le corps, le praticien et même la pièce.
Souvent mon approche est complétée par un questionnement au patient afin d’ouvrir son esprit sur les causes potentielles de ses symptômes. Il s’agit alors de favoriser la compréhension du langage du corps au travers d’un décryptage symbolique des signes. Cela débouche, en général, sur la décision de changer et d’apporter des modifications dans le contexte de vie, de changer de posture interne et/ou externe. Cet angle est très important et puissant. Il redonne les rennes de sa vie au patient qui devient créateur, qui passe de la réaction à l’action.
La séance se termine en expliquant, si nécessaire, ce qui s’est déroulé à travers le soin.
Merci de votre lecture.
Denis Averland