La santé est affaire d’équilibre. Équilibre intérieur du système « corps humain » mais aussi équilibre en rapport avec l’environnement extérieur au système. Dans une approche qui veut garantir la santé, il me semble nécessaire que le praticien soit à l’écoute de ces aspects.
Si les différents équilibres sont acquis, les symptômes, que l’on peut considérer comme une manière de communiquer pour le système global (corps et esprit), n’ont pas lieu d’être. À l’inverse, si des déséquilibres prennent place, les symptômes ne tarderont pas à apparaître. On pourrait nommer cela l’intelligence autonome du corps, et, dans ce sens, nous avons beaucoup à découvrir, à apprendre, ce qui devrait nous réjouir.
Il existe un état intermédiaire dans lequel les signes extérieurs ne sont pas encore présents avec toutefois des déséquilibres dans le fonctionnement du système. C’est certainement cet état qui est le plus souvent la réalité de tout un chacun. Des tensions se sont déjà accumulées mais pas suffisamment pour déclencher les signaux d’alerte.
Dans l’approche que je propose, les mains du thérapeute sont à même de détecter les tensions dans le corps ou encore au niveau émotionnel et d’aider le patient à les résoudre avant que leur influence ne soit trop importante et mène à l’apparition de la maladie. C’est une approche préventive.
Dans beaucoup de pratiques thérapeutiques d’aujourd’hui, le regard est symptomatique. C’est notre culture. Dans nos pays occidentaux, nous consultons lorsque le mal s’exprime, lorsque nous devenons conscients que quelque chose dysfonctionne, lorsque nous avons commencé à souffrir. Ajoutez à cela que la pratique mainstream consiste à ne s’intéresser qu’aux symptômes et à les faire disparaître (mécaniquement ou chimiquement) et vous obtenez une situation actuelle dans laquelle, ça n’engage que moi, les patients voient leur capital santé fondre comme neige au soleil. Ce qui est paradoxal et entretient ce mode de fonctionnement est que cela mène, en apparence, à un certain niveau de confort.
J’aime utiliser l’image d’un bâtiment qui serait en train de brûler, l’incendie ayant déclenché l’alarme. Supprimer le symptôme correspondrait à couper l’alimentation de la sonnerie d’alarme. Certes, la gène auditive serait alors éradiquée (menant à une dose de confort) mais le bâtiment continuerait de se consumer. De la même manière, viser les signaux du corps n’adresse pas la cause de ces signes. Il y a, alors, de grandes chances pour que la cause continue d’évoluer et que, à plus ou moins long terme, des signes apparaissent à nouveau et de manière récurrente, leur intensité augmentant avec le nombre d’apparitions. D’où la fonte du capital, en clair, des patients qui vont de moins en moins bien sur tous les plans. Encore une fois, en ayant l’impression de régler leurs problèmes …
L’approche sensible et sensitive dont je parle permet de « lire » le corps pour y détecter les tensions qui proviennent de chocs divers et variés rencontrés dans la vie de tous les jours. Ces tensions repérées puis relâchées mènent l’une après l’autre vers la cause. À l’extrême, on pourrait imaginer remonter ainsi jusqu’à la première cause, la première lésion. C’est un peu le Graal pour nous, ostéopathes. Mais sans aller aussi loin, le thérapeute peut se laisser guider par le corps et ses tissus. On peut alors considérer que le plan de traitement est inhérent au patient. Les tissus ont en mémoire les traumatismes qui ont frappés le corps et le praticien peut décrypter cette mémoire, la lire et ainsi libérer les conséquences induites par les chocs. J’explique cela en faisant mienne la théorie de John Upledger qui, avec d’autres, pense que lors d’un choc, une quantité d’énergie touche le corps et doit être dissipée. Cependant, lorsque la quantité d’énergie à digérer est trop importante, le corps est comme submergé et « enkyste » une partie de cette énergie dans les tissus. Dans ma pratique, les ressentis que je peux avoir au contact des tissus me confortent dans ce sens. Dans l’approche que j’utilise, ces zones enkystées « appellent » ou attirent l’attention. Tout se passe comme si la tension localisée sur le kyste tirait à elle les tissus environnant dans toutes les directions. Les mains sont donc attirées sur la zone de stockage de l’énergie. En prenant le temps de trouver un équilibre palpatoire entre les mains et les tissus, le praticien permet au corps de revenir sur le blocage physique et de libérer, dans de petits mouvements, l’excès d’énergie accumulée. Au même moment, c’est comme un retour dans le temps à l’instant du traumatisme. Ainsi, l’état émotionnel correspondant peut être ressenti et évacuer, favorisant la libération tissulaire. Cet aspect émotionnel nécessite très souvent une prise de conscience de la part du patient. C’est faire le lien entre l’instant présent et les symptômes avec la situation globale au moment du traumatisme qui facilite les libérations.
Bien sûr, cette approche permet de résoudre la problématique du patient à l’instant t et d’une manière large promettant une belle efficacité ainsi qu’un réel confort corporel mais aussi vous voyez comment elle permet également une évolution du niveau de conscience du patient, une augmentation de sa compréhension de son fonctionnement propre et, par là même, un changement de regard sur la notion de santé. Nous voyons, alors, que l’individu peut reprendre les rênes de sa vie pour maitriser son équilibre en devenant plus responsable.
Voici ce qui, pour moi, correspond à une proposition thérapeutique honnête et évolutive réalisée sur mesure avec l’appui conscient du patient. C’est une approche digne du XXIème siècle !
Merci de votre lecture.
Denis Averland